La nappe aperçue hier en mer au Nord de Bastia serait vraisemblablement des "eaux noires". Plusieurs missions de reconnaissances ont été menées depuis hier, lundi 5 août, par le CROSS Corse, la préfecture, les pompiers de Haute-Corse et la préfecture maritime de Toulon.
Une nappe, composée à priori de pollution organique a été enregistrée hier, lundi 5 août, par le CROSS MED Corse d'Ajaccio au Nord de Bastia, en direction du Cap Corse.
Cette nappe a été signalée en début d'après-midi par des passants en bord de mer, mais aussi par le sémaphore de Sagro.
Elle a également été repérée par la préfecture maritime de Toulon.
Il s'agit d'une nappe de 13 km de long, fractionnée en plusieurs points, et notamment au nord de Pietranera, au large de Sisco, et à Macinaggio.
Pollution organique
La préfecture de Haute-Corse a décidé ce matin de poursuivre l'enquête débutée hier par le CROSS Corse, après signalement. Elle a donc envoyé à nouveau sur place des pompiers en mission de reconnaissance à bord d'un zodiac.
Selon nos informations, aucune information anormale n'aurait été relevée.
Nous sommes à peu près certains qu'il ne s'agit pas d'hydro-carbures
La préfecture maritime de Toulon, également avertie par le sémaphore de Sagro, a elle envoyé une vedette - navire de patrouille - des douanes sur place mais n'a rien trouvé de probant.
Seulement voilà, problème, ce matin : impossible de localiser la nappe, pourtant bien visible hier. La préfecture maritime de Toulon a donc missionné un vol des douanes au dessus de la zone pour essayer de la localiser, mais une hypothèse sur la nature réelle de cette nappe commence à se former du côté des spécialistes :
" Nous sommes à peu près certains qu'il ne s'agit pas d'hydro-carbures, précise le lieutenant chef de la préfecture. Nous pensons plutôt à de la pollution organique."
Même point de vue du côté du centre d'études des pollutions accidentelle des eaux, le Cedre, à Brest. Contacté hier, vers 15, par le CROSS Corse, ses experts ont pu s'appuyer sur deux photos pour déterminer les composantes de la nappe.
Eaux noires
"On voit des petits agglomérats, et pas d'irisation de l'eau, ce qui serait le cas en cas de rejet d'hydro-carbures, explique Stéphane Doll, directeur du centre d'études. De plus, quand on a demandé aux agents sur place de sentir la zone, elle n'avait pas l'odeur typique de gazoil."
Pour lui, il s'agirait vraisemblablement "d'eaux noires non-broyées", c'est à dire de l'eau usagée des bateaux et ferries, venant majoritairement des WCs.
S'il s'agit bien d'eaux noires, et donc de matières fécales, la disparition de la nappe serait donc due à la désagrégation de ces résidus organiques, tout simplement.
L'affaire peut faire sourire, mais il y a un hic : la présence de la nappe, si près des côtes, est anormale : il est en effet strictement interdit pour les bateaux de rejeter leur eau noire si près des habitations.
"Ils peuvent normalement le faire, mais en pleine mer, pas si proche des côtes" précise Stéphane Doll.
Missions de reconnaissance
Les pompiers de Bastia ont été mobilisés par le CROSS (Centre régional opérationnel surveillance et sauvetage) MED Corse d'Ajaccio aux alentours de 14h hier, afin de mener une première mission de reconnaissance sur la zone.
Objectif : déterminer les causes et la nature de cette nappe.
Le navire "Jason", d'assistance et de dépollution de la Marine Nationale a été déployé hier soir, aux alentours de 21h sur la zone.
"Le bateau était dans le secteur, donc on en a profité, raconte un personnel de centre régional de surveillance et de sauvetage, mais la mission de reconnaissance n'a rien donné de particulier non plus."
"On ne sait pas encore vraiment s'il s'agit de pollution ou non, poursuit-il. Il pourrait s'agir de matières, ou d'autre chose qui reste encore à déterminer."